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Visite de l'hôtel de la Païva

Activités culturelles

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06/10/2025

Visite de l’hôtel de la Païva

 

Nous étions 17 à nous regrouper ce dimanche 5 octobre, vers 9h45, sur le trottoir du 25 de l’avenue des Champs Elysées, devant l’hôtel particulier de la Païva. Les absents avaient bien tort car cet édifice élégant du Second Empire, l’un des plus somptueux de la plus belle avenue du monde, révèle, derrière sa façade néo-Renaissance, une décoration intérieure d’une richesse rare, toute entière tournée vers l’éloge de la femme, de la maîtresse et de la maîtresse-femme, où les dieux sont remplacés par des déesses et les nymphes et les caryatides par des hommes agenouillés.

Car la légende veut que ce soit sur ce même trottoir que la future commanditaire, et future marquise de la Païva (1819-1884), fut jetée d’une calèche par un client mécontent. En effet, avant d’être l’épouse du marquis de la Païva puis du comte de Donnersmarck, Esther Lachmann, juive polonaise née dans le ruisseau moscovite, s’était fait connaître à Paris comme une célèbre « lorette » puis, prenant du galon, comme une « horizontale », et enfin, suprême honneur, comme une « cocotte ».

Ainsi enrichie par les « pigeons qui tombaient tout cuits dans son lit », la Païva fit construire cet hôtel particulier entre 1856 et 1865 aux frais de Guido de Donnersmarck, le neveu de Bismarck, son amant et futur second époux (quand le premier, déjà ruiné, se sera suicidé de désespoir…), au prix record de dix millions de francs-or.

Dix ans de travaux (« le principal est fait, on a posé le trottoir » ironisait la presse), les artistes le plus prestigieux de l’époque (Dalou, Carrier-Belleuse) et les matériaux les plus coûteux (grand escalier en onyx d’Algérie, mais aussi lapis-lazuli, malachite, marbres de toute sortes) ont fait de cet hôtel particulier l’un des plus mondains de Paris, tout en maintenant l’activité de sa propriétaire – « qui paye y va » disait-on dans Paris.

La désignation de son époux comme préfet de la Lorraine annexée, et le rôle qu’elle assuma au service de la diplomatie allemande, la contraignirent à finir ses jours au château de Neudeck, en Silésie. Ironie de l’histoire, l’hôtel fut racheté par le « Travellers club », un club exclusivement masculin dont les membres aiment à goûter leur cigare sur la terrasse qui domine les Champs. En contrepartie du classement très mérité aux Monuments Historiques, ce club de style anglais permet l’organisation de visites de groupe en week-end à des guides sélectionnés.     

A la sortie, la plupart d’entre nous ont pu profiter d’une « piétonisation » temporaire des Champs-Elysées, et y poursuivre, sous un beau soleil automnal, leurs dialogues… péripatéticiens.

Jacques-André Lesnard (SW74)

Jean-François Mourtoux (AC2021)

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